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Tricot entre ami.e.s – Alicia Plummer


3 novembre 2019 Blogue 0


Toujours fascinés par les parcours créatifs des uns et des autres, nous avons commencé à demander à nos ami·e·s de partager leurs expériences sur ce blogue.

Aujourd’hui, nous en apprenons davantage sur la designer Alicia Plummer.

Alicia et nous sommes amies depuis un bon moment. Nous avons collaboré pour la première fois il y a cinq ans, dans le cadre d’un partenariat fantastique entre nous, Alicia et Pom Pom Quarterly : le très apprécié Campside Shawl, conçu par Alicia en Leizu DK et publié en téléchargement gratuit sur le blogue de Pom Pom

Nous avons été très émus de participer avec Alicia à la création du Campside Shawl. Ce design était une façon pour Alicia d’incarner les souvenirs de son enfance passée dans un chalet au bord de l’eau avec son père, dont elle pleurait le récent décès. Vous pouvez lire l’article sur le blogue de Pom Pom.

Nous adorons les magnifiques créations classiques et de tous les jours d’Alicia, en particulier la façon dont elle s’inspire des magnifiques paysages et plages de sa ville natale, dans la campagne du Maine. Mais notre amour ne s’arrête pas à ses designs; Alicia est très spéciale pour nous. 

Nous avons des valeurs très semblables au sujet de l’humanité et de la façon dont on devrait agir avec les gens qui nous entourent, de sorte que lorsque nous nous sommes rencontrées pour la première fois, il a été très facile d’établir des liens à ce niveau. Alicia est gentille, mais elle est aussi féroce et affirmée, et dégage une puissance qui néanmoins ne piétine pas tout sur son chemin. J’adore cela chez elle. 

Nos conversations avec Alicia sont toujours ponctuées de rires. Nous sommes si honorés de travailler avec elle et de la compter comme amie! Alicia offre généreusement à nos lecteurs 25 % de rabais sur ses patrons sur Ravelry jusqu’au dimanche 10 Novembre. Utilisez le code « julielove » — merci Alicia!

Bonne lecture!


Comment le tricot et, plus tard, le design sont-ils entrés dans ta vie? 

J’ai déjà répondu à cette question plusieurs fois, mais je n’ai jamais parlé de ma grand-mère.

Comme beaucoup, ma grand-mère m’a appris à tricoter. Cette femme n’était pas du genre à faire des biscuits et des câlins chaleureux. Elle a été, tour à tour, ergothérapeute pendant la Seconde Guerre mondiale, enseignante, directrice d’école et propriétaire d’entreprise.

C’était une femme incroyable. Elle s’appelait Shirley, elle avait les cheveux roux et de beaux yeux verts. D’une intelligence féroce, elle était l’incarnation même de l’indépendance et du féminisme. 

Elle aimait les chats, était très brillante et est devenue l’une des premières directrices de l’état du Massachusetts. Plus tard, elle s’est faite entrepreneure et vendait des antiquités dans sa grange, au centre-ville. Chez elle, la logique et la praticité régnaient en maîtres, et elle montrait son amour par des conseils et des leçons de vie plutôt que par de l’affection physique.

Quand j’étais plus jeune, j’allais chez elle et je créais des objets avec les innombrables outils d’artisanat qu’elle possédait. Oubliez les antiquités, elle aurait probablement pu ouvrir sa propre boutique d’artisanat.

Un jour, quand j’avais 8 ans, elle m’a fait asseoir et m’a dit que j’allais apprendre à tricoter. Elle m’a appris à monter mes mailles et à tricoter des mailles endroit. C’est tout ce qu’il fallait : j’étais accro. Elle croyait que l’autosuffisance était un outil incroyablement important pour une femme.

Elle m’a enseigné la stabilité financière, à vivre selon mes moyens, à réparer et à fabriquer, quand cela est possible. Elle m’a également inculqué la force personnelle et la persévérance. J’aimerais pouvoir raconter tant d’histoires à son propos — c’était vraiment une femme extraordinaire.

Le design est venu avec le temps. Il y avait tellement de patrons et de designers incroyables, mais aucun ne correspondait à mon style de vie rural ‘sans tracas’. J’adore la complexité de nombreux patrons, mais ils n’étaient pas pratiques pour moi.

Pendant la journée, je suis occupé à faire des rénovations chez moi, à faire les courses, à gérer des équipes sportives, à faire de la randonnée, etc. Je mets la main à la pâte; les modèles plus simples cadrent mieux avec ce style de vie. 

J’éprouve aussi un grand besoin de créer et de déverser mes sentiments dans quelque chose. J’ai passé une longue partie de ma vie à refouler ma créativité parce que j’avais l’impression que ce n’était pas considéré comme ‘cool’ par la société. C’est triste, n’est-ce pas?

Finalement, j’ai arrêté de m’y opposer et j’ai commencé à concevoir des modèles. Je suis beaucoup plus heureuse maintenant! N’essayez pas de vous battre contre qui vous êtes ou d’ignorer votre vraie nature; vous vous devez de respecter qui vous êtes réellement.

As-tu un gadget de tricot dont tu ne peux pas te passer?

Simplement des marqueurs de mailles circulaires en métal ordinaire. J’aime aussi les marqueurs amusants, de temps en temps, mais je préfère généralement les outils utilitaires et fonctionnels.

Oh! Et aussi le bracelet-ruban à mesurer de Twig & Horn. Je perds TOUJOURS mes marqueurs de mailles, mes aiguilles auxiliaires, mes aiguilles à laine et mes rubans à mesurer. Comme Noël arrive à grands pas, j’espère secrètement que le père Noël remplira mon bas d’une tonne de ces outils!

Qu’est-ce qui a changé ta vie de tricoteuse? 

Apprendre à faire du jacquard. Longtemps, j’ai trouvé ça intimidant et je me disais que je ne créerais pas de modèles faisant appel à cette technique, parce que « ce n’était pas mon style », mais que je me mentais à moi-même.

Mes premiers modèles de jacquard étaient un col et un bonnet en laine à chaussettes que j’ai proposés pour un des livres pour enfants de Malabrigo. Je ne sais pas ce qui m’a pris de proposer des modèles de jacquard en laine à chaussettes, mais les modèles ont été retenus, alors j’ai dû apprendre à les tricoter!

Je tricote selon la méthode continentale normalement, donc apprendre à tenir mes couleurs secondaires avec ma main droite a été un véritable plaisir!

L’artisanat conscient est quelque chose de très important pour nous. Comment appliques-tu ces principes à ta pratique du tricot?

Quelle bonne question! Permets-moi de commencer en disant qu’à l’université, j’ai fait des études en éducation avec une concentration en littérature (aucune mathématique!). Quand j’ai commencé à créer des tricots, les calculs semblaient accablants. Je n’ai jamais appris à utiliser Excel ou un tableur et à faire la gradation selon un calcul prédéfini. Je faisais tout à la main, sur papier. Tout! 

Je voulais simplement tricoter, pas faire des calculs. Dans mes premiers patrons, les tailles étaient très limitées, parce que je ne comprenais pas comment faire la gradation tout en m’assurant que le morceau sera bien ajusté.

Par exemple, un très large montage au niveau du cou pour un raglan, par exemple, peut être compensé par le montage de mailles aux aisselles, des augmentations cachées, etc., mais il m’a fallu un moment pour l’apprendre. Je ne croyais pas qu’il était juste d’offrir des tailles plus grandes si l’ajustement n’était pas adéquat.

Au fil des ans, je me suis améliorée en mathématiques (et j’ai une éditrice technique MERVEILLEUSE) ainsi que des testeurs·euses étonnant·e·s qui m’ont orientée dans la bonne direction.

Maintenant, j’offre généralement mes pulls pour les bustes jusqu’à 60 po/154 cm, et je revois lentement les vieux modèles pour fournir une gamme de tailles plus inclusive. Mes patrons Ease et In Stillness sont mes deux dernières révisions!

As-tu un talent caché? 

Je ne suis pas certaine qu’on peut appeler cela un talent, mais je dirais que j’ai du cran, de la détermination. J’ai vécu beaucoup de choses très difficiles dans ma vie, mais j’adopte toujours l’attitude suivante : si je veux réaliser quelque chose avec assez de conviction, je peux y arriver en travaillant dur. Cela ne me dérange pas de sacrifier du temps et de me placer dans une situation d’inconfort pour grandir en tant que personne. 

Parfois, cela implique de bien me centrer sur moi et de trouver des facettes de ma personnalité que je dois changer. Parfois, c’est plus facile : « hé, je veux apprendre l’aquarelle aujourd’hui, allons voir sur YouTube ». D’autres fois, je me rends compte que j’ai tricoté toute la journée et que je crie sur les gens. « Mais qu’est-ce qui cloche? » Généralement, je deviens grincheuse à cause de l’inactivité! Je suis douée pour l’autoapprentissage. Je ne suis peut-être pas la meilleure pour, disons, l’escalade intérieure, le yoga, la peinture, la pyrogravure, le ski alpin, le crochet, la couture, la courtepointe, etc., mais je m’applique assez pour que ce soit agréable. J’aime acquérir de nouvelles compétences et je n’abandonne jamais rien.

Quels sont tes passe-temps non liés au tricot/crochet?

Les randonnées pédestres, le camping, le kayak… ou tout simplement me promener au fil des saisons! Je pense que mon passe-temps préféré en hiver est le ski de fond. J’adore que ce soit de l’activité physique, mais que cela consiste à glisser sur tout, si doucement que tu as presque l’impression de voler.

Les pins, épais de neige, surplombent la piste et les oiseaux chantent dans la forêt. La descente est aussi amusante, mais le ski de fond est une expérience en soi. C’est si paisible, si relaxant. J’aime l’odeur du grand air, la sensation de plonger au plus profond de mon cœur. J’adore être sur un étang vide dans mon kayak et glisser en silence sur l’eau.

J’ai l’impression d’être dans un monde différent. Ce qui me plaît aussi, c’est d’atteindre le sommet d’une montagne. Tout le paysage change : le type d’arbres, le pic de granit lisse et ses ruisseaux vides creusés en lui. Chaque randonnée est tellement différente de la précédente, et c’est une excellente façon d’introduire beaucoup de variété dans sa vie sans nécessairement avoir à voyager très loin.

Nous avons été très honorés d’avoir eu une si belle collaboration avec toi au fil des ans. Peux-tu nous dire comment nos fils inspirent ton processus de conception?

Tes fils ne manquent jamais de m’inspirer, Julie. Je ne sais pas ce que c’est, mais les couleurs sont parfaites pour moi. Je pense que c’est en partie parce que beaucoup de couleurs sont très, très proches de celles qu’on retrouve dans le paysage, ici, dans le Maine rural.

Les gris bleus du lac, le vert riche des arbres, les gris neutres et les crèmes du granit. L’orange brûlé de mon Campside Drop est l’incarnation même de nos feuilles d’automne et le coloris Blackberry Coulis de mon pull Blackcurrant brille comme toutes nos baies sauvages. Les couleurs m’appellent à sortir à l’extérieur et me rappellent l’odeur du vent dans mes cheveux, les murmures des feuilles d’arbre quand elles se précipitent ensemble par une chaude nuit d’octobre.

Les couleurs me disent ce qu’elles veulent être. J’ai l’impression que chaque couleur a une personnalité, une histoire. Quand je la prends dans mes mains pour la première, je veux raconter cette histoire, ce moment. 


Merci beaucoup d’avoir partagé ton histoire avec nous, Alicia.

Pour suivre les aventures laineuses d’Alicia, retrouvez-la sur Facebook, Instagram et Ravelry.

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